Vacciner ou ne pas vacciner. Telle n’est PAS la question.

Nous sommes en guerre. Une guerre mondiale, la troisième en un siècle. Contrairement aux précédentes, elle n’épargne aucun pays et avance masquée, mais les plus de 2 millions de morts décomptés et les effondrements sociaux escomptés rendront les conséquences de cette guerre similaire aux deux autres.
L’ennemi n’a pas de chemise noire ou de bottes en cuir qui claquent. C’est le dernier rejeton d’une famille royale de la lignée des Coronavirus. Le père (SARS CoV le 1er) avait fait ses armes au début des années 2000 en Asie, avec un super taux de mortalité (10%) mais une contagiosité moindre : bilan : moins de 10000 cas, et moins de 1000 morts. Et comme c’était loin… pareil pour le cousin MERS, 10 ans plus tard, bien plus mortel (30%) mais au mieux quelques milliers de cas. Et comme c’était loin… du coup, le fils, SARS Cov le 2°, a modifié les réglages : une mortalité moindre (3 à 4%) mais une contagiosité bien plus importante. La suite, on la connait…
Un virus, c’est un morceau de code génétique qui ne pense pas, n’a pas de plan précis, d’idée préconçue, et ne se soucie pas de savoir comment il va subsister et proliférer, contrairement à un truc plus gros, une bactérie ou un parasite par exemple. Au risque de vous choquer, un virus, ce n’est pas vivant, mais c’est fabriqué avec des bouts de code génétique. Un virus ne peut se reproduire tout seul. Il a besoin de la machinerie d’un hôte (plus exactement, de la machinerie des cellules de l’hôte ; une plante, un animal, un humain) pour pouvoir non pas se répliquer, mais être répliqué. Oui mais… la réplication d’un virus n’est pas soumise aux contrôles qualité de la lecture du code génétique de l’usine. C’est comme si vous vouliez assembler dans une usine de berlines allemandes des trottinettes pour le cousin Hubert. Vous le faites sous le manteau en dehors des heures de service, en bout de chaine, et bien sûr sans aucun contrôle. Pas de Deutsche Qualität.
Pour le virus, c’est la même chose. A chaque duplication, le code génétique du virus n’est pas exactement copié de la même façon. Ça donne pleins de copies du virus différentes : dans certains cas, la différence ne se verra pas et le virus gardera ses capacités à être expulsé de la cellule hôte et à infecter une autre cellule, sur un autre hôte. Dans d’autres cas, la différence rendra l’exemplaire mal copié inexploitable, comme une trottinette à une roue. Fin de partie. Mais dans d’autres cas, la différence va générer un gain de fonction pour le virus : une contamination améliorée (c’est le cas pour le variant britannique par exemple) et, ce que tout le monde redoute, une modification telle que le virus ne soit plus reconnu par nos anticorps.
Pour se débarrasser du virus, il n’y a pas 36 solutions. Juste une poignée. Le couvre-feu n’est qu’un pare-feu, le confinement, un couvercle, et les mesures barrières, du bon sens, mais cela ne coupera pas le feu sous la marmite. Le virus sera éradiqué quand il n’aura plus d’hôte. Rappelez-vous : un virus ne peut se reproduire tout seul. La seule façon de lui couper l’herbe sous le pied, c’est de faire en sorte qu’il trouve porte close. Plus d’hôte, plus de réplication. Plus de réplication, plus de virus. Et pour cela, une seule solution : la vaccination.
La vaccination ? Vaste sujet ! Le vaccin est-il dangereux ? Pour le savoir, il faut se tourner vers le pays ayant vacciné le plus de personnes, les USA, et à l’agence officielle de santé publique qui assure la surveillance épidémiologique, le Centers for Disease Control and Prevention. Au 23 décembre 2020, 1 893 360 doses du vaccin Pfizer-BioNtech avaient été administrées, et 23 chocs anaphylactiques avaient été dénombrés, soit environ un effet secondaire grave pour environ 100 000 doses injectées. Pas de morts. Sur les 23 cas, 17 étaient déjà allergiques. Le vaccin est-il vraiment efficace ? Oui, il l’est… pour l’instant.
Pour l’instant ? Relisez le paragraphe précédent. L’enjeu est simple : le virus ne pourra être stoppé que si un maximum de personnes est vacciné en un minimum de temps : maximum de personnes, pour assécher le terrain de jeu du virus ; minimum de temps, pour minimiser le risque d’apparition d’une mutation qui, en modifiant certains aspects de la structure virale, rendrait le vaccin inefficace.
Il s’agit donc d’une course et personne ne peut dire ce jour qui la gagnera. Nous sommes en guerre. A chaque guerre, ses héros, ses faux prophètes et ses collaborateurs, colportant sur zincs virtuels plus de désinformations que de mutations du virus.
Chaque guerre aura ses survivants et pleurera ses morts. Faites le bon choix.
Docteur Emmanuel Sagui, Hôpital Européen, Marseille
Institut de recherche biomédicales des Armées, Brétigny-sur-Orge