La grâce de l’éclat de rire d’Annabelle Combes a reçu le prix littéraire des Rotary Clubs de langue française, le 9 novembre à la bibliothèque humaniste de Sélestat.
Ce prix fondé il y a 30 ans par Claude Lainé au sein du club Paris Académies est devenu national puis francophone sous le haut patronage de Madame Claude Pompidou et a connu plusieurs présidents prestigieux, dont André Santini, ancien ministre, Amin Maalouf de l’Académie Française et aujourd’hui Dominique Perben, Garde des sceaux et ancien ministre.
Remis chaque année dans une ville différente, il couronne un roman écrit dans l’année et qui, outre ses qualités littéraires, met en relief les valeurs du Rotary : esprit de service, sens de l’autre, amitié, tolérance, entente entre les peuples…
Cette année, c’est la bibliothèque humaniste de Sélestat qui a accueilli la cérémonie de remise du prix, en présence du gouverneur du District 1680 François Bouteloup, du maire de Sélestat Marcel Bauer, du sous préfet Alexandre Piton, du jury littéraire et d’une nombreuse assemblée rotarienne : ce sont en effet les deux clubs de Sélestat sous l’impulsion de leurs présidents Claude Bisson-Vaivre et Gabriel Braeuner qui ont organisé cette manifestation.
La bibliothèque humaniste que le jury littéraire a été invité à visiter est un écrin magnifique et subtil pour un tel événement. Cette ancienne grange à blé reconvertie en bibliothèque avait été construite au XIXe siècle et s’était quelque peu délabrée.
C’est l’architecte bien connu des marseillais puisqu’il a conçu le Mucem, Rudy Ricciotti,
qui a orchestré une restauration radicale, sobre mais non moins élégante achevée en juin 2018.
Pourquoi humaniste ? Parce que l’humaniste Beatus Rhenanus, un, enfant de Sélestat ami d’Érasme, légua à sa ville en 1547 une exceptionnelle collections de manuscrits du moyen âge et de livres imprimés des XIVe et XVe siècles, qui avec un autre legs constitue le fonds de cette institution à vocation pédagogique, scientifique et touristique.
https://www.bibliotheque-humaniste.fr/espace-presse.html
Le président du Jury littéraire, Dominique Perben a dévoilé le prix 2018 après avoir fait l’éloge de la lecture et de la littérature (voir vidéo Dominique Perben).
Le roman d’Annabelle Combes, La grâce de l’éclat de rire est le récit d’une reconstruction après le désastre que constitue pour l’héroïne la perte d’un époux et de ses deux filles dans un attentat à Londres. (Voir vidéo Annabelle Combes)
En 76 courts chapitres répartis comme autant d’éclats d’un verre brisé, de l’ « éclat de mise en route » à l’ « éclat d’éternité » en passant par l’ « éclat de rire » l’héroïne réapprend la vie au fil de rencontres a priori improbables, un SDF, Scrabble, une voisine, Violette, un marchand de couleurs Isidore, une moniale… Chacun l’aidera à considérer le monde avec un œil nouveau, à sortir de la sidération, retrouver la force de vivre et de maintenir le lien avec ceux qui restent. C’est un moment de vérité intense que vit l’héroïne, un questionnement sur le mal et le pardon, sur le sens qui renvoie chacun à lui-même et lui donne à penser. Dans ce chemin initiatique, l’héroïne qui retrouvera le Dieu de son enfance à qui elle fait confiance pour avancer, nous décrit un monde de couleurs toujours renouvelées, chatoyantes ou pâlies, joyeuses ou tristes, au gré des rencontres, des émotions, des événements.
Il faut lire ce livre chaleureux, vivant, où la gravité n’interdit pas la joie ni l’espérance, malgré tout, et qui donne à l’art un rôle majeur d’expression, de communication, de création de la beauté. Dostoïevski ne fait-il pas dire à l’un des ses personnages : « c’est la beauté qui sauvera le monde »
Micheline Bonnet, Vice présidente du Jury littéraire