Bonjour à toutes et à tous,
Je m’appelle Léonie Monchy et j’ai 16 ans. Je viens de Pertuis et j’ai fait mon année d’échange dans la capitale de l’Argentine, Buenos Aires.
J’ai énormément profité de mon échange, je me suis amusée le plus possible jusqu’à ce que le 16 mars 2020, les cours soient suspendus et la quarantaine présentée comme une obligation.
J’étais angoissée à l’idée d’être enfermée avec une famille qui n’était pas la mienne et surtout je voyais la fin de mon échange approcher à trop grands pas.
Mes journées se sont rythmées par du sport dans ma chambre, des jeux de société, sorties avec le chien, soirées films pizzas en familles et appels avec mes proches. J’ai aussi énormément cuisiné des plats typiques français ainsi qu’argentins. Plus les jours passaient, plus mes amis rentraient dans leurs pays respectifs par décision de leurs parents. J’étais tellement déçue, triste et en colère. J’en voulais à tout le monde et en même temps à personne. Mes amis me manquaient et je savais que la majorité étaient déjà rentrés mais je restais sur ma décision, je ne voulais pas revenir en France.
J’étais sure de moi, la place qui me convenait le mieux était celle aux côtés de ma famille Argentine, j’avais encore beaucoup à apprendre et j’étais en sécurité. Je ne m’ennuyais pas, j’avais toujours quelque chose à faire, j’ai à nouveau appris à aimer lire, je continuais d’aider ma famille dans les tâches ménagères etc. Je voulais absolument garder mon cerveau occupé pour ne pas penser à toute celle folie. Mais
ça devenait de plus en plus dur, mes proches me disaient de rentrer et que j’avais déjà de la chance d’avoir vécu ces 8 mois, il ne fallait pas que je me plaigne en plus, je devais rentrer pour profiter de ma famille. Dans une situation comme celle ci, où aucune décision n’est bonne, c’est toujours compliqué de trouver celle qui nous convient le mieux sans pour au final la regretter.
Au final la décision n’a même pas été la mienne, on me l’a imposée. Le 25 avril mon district argentin organise un appel zoom avec tous les inbounds pour nous dire « vous devez rentrer dans vos pays, ce n’est pas une obligation, mais vous devez le faire ». J’étais très surprise et surtout choquée sachant que ma YEO connaissait ma situation et savait que ma famille française acceptait que je reste et que ma famille Argentine était d’accord pour me garder, vu que tout se passait très bien. Mais ma YEO m’a demandé de m’annoter sur un vol pour le 3 mai, ce que j’ai donc fait le jour même.
Après de longs appels avec l’ambassade de France, je reçois un mail le 30 avril comme quoi j’ai une place sur un vol partant de Buenos Aires le 3 mai pour Paris. J’avais 3 jours pour me préparer à rentrer. Faire mes valises n’était pas la partie la plus compliquée, je devais me préparer à quitter la vie que j’avais tant aimée.
Durant ces jours d’attente j’ai eu plusieurs problèmes avec mon Rotary argentin qui ne m’a pas du tout soutenu. Il m’a menti, à menti à mes familles d’accueil etc… ce qui a rajouté un stress dont je n’avais pas besoin.
Le jour du 3 mai arrive assez vite. Ma mère et ma sœur ont pu m’emmener à l’aéroport. Après plusieurs contrôles sur la route je retrouve 4 autres amis français et leurs parents.
L’attente se fait à l’extérieur de l’aéroport, mais aucunes distances sociales obligatoires n’ont été respectées. Pour rentrer dans le bâtiment deux hommes en combinaison nous prennent la température, pour pouvoir passer il faut avoir moins de 37.5ºC.
Le moment triste arrive, celui où on dit au revoir, où pour la dernière fois avant longtemps on voit ces personnes tant importantes. Nous saluons une dernière fois et donnons notre billet d’embarquement.
L’entrée dans l’avion se fait par colonne, on est donc tous appelés au goutte à goutte. L’avion est rempli, nous sommes tous collés, il y a même des enfants sur les genoux des parents. Les masques sont enlevés par tout le monde au même moment pour les repas. Ces mêmes repas qui n’ont d’ailleurs pas d’options végétariennes (j’ai mangé seulement 2 yaourts en 14h), et après 5h de vol on nous annonce que la distribution de bouteille d’eau à chaque passager n’est plus possible car il n’y pas assez de réserve.
Après ce long vol rempli de turbulences et de beaucoup de films, nous arrivons à Paris vers 7h du matin. Aucun contrôle ne m’a été fait sur le territoire français. Mes amis rejoignent tous leurs parents mais mon périple n’était pas terminé, je devais me rendre à la gare de Lyon pour avoir un train qui m’emmenait à Nîmes. J’ai attendu dans une gare quasiment vide jusqu’à 16h. Sans ne pouvoir rien manger car tout était fermé! Après 3h de train je me retrouve enfin sur le quai de la gare de Nîmes dans les bras de ma maman et ma petite sœur.
Cela fait bientôt 3 semaines que je suis rentrée. Je m’adapte petit à petit à ma vie en France, ce n’est pas facile tous les jours mais ma mère me supporte beaucoup et m’aide à ne pas me sentir coupable de ne pas être la même qu’avant.
Je ne sais toujours pas si rentrer était là bonne décision mais j’essaie maintenant d’en tirer le meilleur. Je ne regrette rien et je sais que je suis chanceuse.
(Je vous raconte ici la partie compliquée de mon échange, mais j’ai bien sûr hâte de vous voir de nouveau pour vous raconter tout mes bons moments et mes souvenirs merveilleux)
Encore merci à mon Rotary français qui a été là pour moi toute cette année et m’a bien aidée ces derniers mois.
Léonie Monchy